Pendrifter

Évasion et introspection sur les sentiers méandreux de l'écriture

Mardi 1er février 2011

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       Le souffle court, le grand hongre bai aux trois balzanes, signe des chevaux rois, stoppa sa course effrénée dans les rues de Sainte-Fontaine à l’entrée du quartier des Pas Perdus. Les murs froids des bâtisses, autrefois riches de couleurs vives, répercutèrent longuement le bruit de ses sabots sur le pavé. L’écume sur ses flancs et la buée s’échappant de ses naseaux témoignaient de l’allure qu’il avait du maintenir, guidé par la voix de sa cavalière.

       Elika sauta au bas de sa monture, remonta d’un geste mécanique les étriers et, passant les rênes par-dessus l’encolure du hongre, le mena sous les arcades qui entouraient la bâtisse en ruine. Autrefois, palefreniers et écuyers se seraient précipités au-devant de la jeune femme, comblant le cheval harassé de leurs soins ; valets et suivantes auraient déchargé Elika de sa cape, de ses gants, se seraient enquis de sa santé et l’auraient précédée jusqu’à la grande porte qu’ils lui auraient ouverte, un sourire sur les lèvres, annonçant le retour de Elika Marina de Rozières, fille du Héros et Sénéchal Lodamos de Rozières.

       Mais les temps avaient changés, et seul le regard bleu du vieux Falgor accueillit la jeune femme.

       - Tu rentres tôt, et vite… Mauvaise journée ?

       Elle haussa les épaules, par réflexe, puis désangla Ahman, retira son filet et lui asséna une petite tape sur la croupe. Le hongre hennit légèrement,
puis disparut en trottant dans l’ouverture d’un mur ébréché.

       - Et en plus, tu ne parles pas, reprit le vieillard. Et tu ne t’occupes pas de ton cheval non plus. Heureusement qu’il commence à connaître le chemin
des écuries…

       - Tu appelles ça des écuries, toi ? Cet espèce de trou dans un mur avec du foin de l’autre côté ?

       Falgor grimaça, massant son dos distraitement.

       - C’est vrai, ton père n’aurait jamais permis ça…

       - Mon père est en exil, Falgor.

       - Et tu me le rappelles chaque fois avec un tact qui m’étonnera toujours ! Alors… cette journée ?

       Elika soupira, vaincue par la sinistre ironie du vieux maître des lieux. Aussi loin que la jeune femme s’en souvienne, il avait toujours été là, au service de ses parents, dirigeant d’une main de fer dans un gant de velours la tenue de la Grande Maison Rozières. Mais sa rigueur n’était qu’une façade... Chaque fois qu’il posait le regard sur Elika, l’immense douceur du bleu de ses yeux le trahissait.

       Elle plongea sa main dans la poche droite de sa tunique et en sortit un parchemin froissé qu’elle jeta au vieil homme.

       - Je t’ai trouvé ce que tu voulais, et pour la énième fois je ne vois pas en quoi cela va nous aider. Ce sont des chimères que tu pourchasses…

       - Et tu es parfaite dans le rôle de Bellérophon, sur ton splendide Pégase détecteur d’écuries !

       - Tu crois encore à ces vieilles légendes, Falgor ?

       - Je crois en ce que je peux, Elika... Allez, rentrons, tu me raconteras à l’intérieur.

Avec la participation de Fiona.
A.W.

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