Pendrifter - Évasion et introspection sur les sentiers méandreux de l'écriturehttp://pendrifter.cowblog.frLa naissance d'un roman de Dark Fantasy et son évolution, telle est la prétention de cet espace consacré à la littérature et à l'imaginaire.CowblogfrMon, 14 Feb 2011 16:43:54 +0100180http://pendrifter.cowblog.fr/on-devrait-pouvoir-le-dire-on-ne-peut-que-l-ecrire-3086413.htmlOn devrait pouvoir le dire. On ne peut que l'écrire.http://pendrifter.cowblog.fr/images/RuelledesBordeauxMetz.jpgRuelle des Bordeaux, Metz

       Écrire, écrire. Comment oser écrire alors que de beaux esprits l'ont fait avec maestria bien avant nous ? C'est d'une audace incroyable. Écrire pour accéder à une forme de reconnaissance ou pour que les mots nous survivent ; écrire pour libérer l'esprit de ce qui le hante, pour immortaliser ce qui fait vibrer le cœur. Exutoire ou plaisir personnel, il faut avouer que cette démarche - ce repli sur soi - procure beaucoup de satisfaction : exprimer ce que souvent nous n'avons pas su ou osé dire, c'est extraordinaire. Et puis choisir ses mots et les idées qui étaient tapies derrière, les faire avancer au pas ou danser, ou s'envoler ou rire ou pleurer. C'est un pouvoir merveilleux.

       J'ai parfois l'impression de les choisir, comme des cerises dans une assiette, aussitôt après la cueillette et de les prendre entre mes doigts, les retourner, les soupeser et me régaler des plus sucrés, lorsque j'ai enfin trouvé ceux qu'il me fallait. Une alchimie délicate. Mais voilà, ces mots, ce sont aussi de petites bêtes voraces. Ils nous envahissent. Parfois ils viennent m'assaillir jusque dans mon sommeil. Je crois avoir écrit un texte correct, eh bien non ! Au beau milieu de la nuit, ils viennent tintinnabuler à la porte de mon cerveau embué et se plaindre, me faire comprendre que leur alliance n'est pas des plus réussies, qu'il vaudrait mieux les faire transhumer ailleurs. Ils se veulent informels, mais ils ont leurs petites idées...

       Alors, je leur cède, je me lève et, les cheveux en bataille, une tasse de café fumant à la main, je recommence mon puzzle. A la lueur tremblante d'une myriade de bougies, je change de rythme, rature, ajoute, reconstruis. Ils savent ce qu'ils veulent ! Souvent, je relis avec plus de plaisir et ne regrette pas ce réveil en catimini, même si j'ai un peu froid aux pieds... En guise de récompense, j'ai le droit d'admirer de splendides levers de soleil à travers la frondaison des arbres qui surplombent ma fenêtre, et dont les rais de lumière viennent effleurer ces mots que je regarde marcher à quatre pattes et faire leurs pirouettes. Ils sont le fruit de mon imagination et de mes insomnies.
 
Mis bout-à-bout, ils donnent matière à ce monde qui vit à travers moi.
 
Note : Le travail d'écriture a repris depuis hier. Je suis revenu sur les tous premiers chapitres, pour vérifier si tout cela se goupille bien. Le passage « Incertitudes » fait désormais office de prologue à ce petit récit d'introduction qui portera le titre « Le premier pion de l'échiquier ». Il me semble qu'il n'y a plus matière à toucher à ce texte. Suivant les conseils qui m'ont été donnés, je me suis efforcé de faciliter la lecture en adoptant des phrases plus courtes et moins ponctuées, sans pour autant y renoncer complètement puisque j'estime que c'est un peu ma « marque de fabrique ». Il me semble que l'ambiance est posée, et que les personnages sont suffisamment racoleurs pour avoir envie de lire la suite. Le prochain chapitre change un peu de ton, mais reste selon moi dans la continuité du prologue. Le temps de ce passage, nous perdons momentanément de vue le trio précédemment évoqué pour nous pencher sur l'apparition du personnage clef de ce début de saga : la petite Hiroko.


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http://pendrifter.cowblog.fr/commentaires-3086413.htmlMon, 14 Feb 2011 16:43:00 +0100http://pendrifter.cowblog.fr/on-devrait-pouvoir-le-dire-on-ne-peut-que-l-ecrire-3086413.html
http://pendrifter.cowblog.fr/vivre-des-couleurs-3086161.htmlVivre des couleurshttp://pendrifter.cowblog.fr/images/CommissionDeclanbycharlie140588.jpg

       Une longue absence. Un peu de rangement à faire, de l'ordre à remettre dans mes idées. Il s'est passé tellement de choses ces derniers temps. La fin des études, plusieurs mois de travail, quelques petites « fins du monde », une reconstruction hasardeuse, une rencontre inattendue. Une belle correspondance...

       Je commence tout juste à remettre des couleurs dans mon existence. On m'a invité à aller les chercher, plutôt que d'attendre qu'elles viennent à moi. On m'a aussi dit que j'étais une personne exceptionnelle, que j'écrivais comme un roi, et que je ne pouvais pas être « réel » tant on pouvait se sentir petit face à mes mots. J'ai bien du mal à y croire... Au point de me demander si ce n'est pas cette personne qui n'est pas de ce monde, finalement. Peut-être est-ce moi qui l'ai rêvée.

       Mais ses paroles me transportent et me réinvestissent d'un espoir qui avait décidé de se faire la belle. Je reprends la plume, plus décidé que jamais à persévérer et à mener ce projet à son terme. Je vais écrire du rêve, et si je peux faire s'évader ne serait-ce qu'une personne, alors le challenge sera déjà gagné.

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http://pendrifter.cowblog.fr/commentaires-3086161.htmlSun, 13 Feb 2011 16:50:00 +0100http://pendrifter.cowblog.fr/vivre-des-couleurs-3086161.html
http://pendrifter.cowblog.fr/13eme-concours-litteraire-international-du-cepal-3084222.html13ème Concours Littéraire International du CEPALhttp://pendrifter.cowblog.fr/images/BlackFeather.jpg

Le CEPAL (Centre Européen pour la Promotion des Arts et des Lettres) a pour vocation de défendre, d’encourager  et de promouvoir la création. Il propose un programme d’activités artistiques et littéraires qui s’adressent aux peintres, sculpteurs, artisans d'art, écrivains et créateurs. Il édite une revue culturelle trimestrielle « Mil’Feuilles Par Chemins » et organise un Café Littéraire, des expositions, et un Salon d’Arts Plastiques International (sept. 2010)
Règlement :
1. Le concours littéraire est ouvert à tous les poètes et prosateurs d’expression française, allemande, anglaise, luxembourgeoise, espagnole, italienne, portugaise et dialectale jusqu'au au 31 mars 2011. La section "francophone" est réservée aux étrangers (si résidants en France, joindre une photocopie attestant la nationalité) ou Français résidant à l’étranger. La section européenne doit comporter au moins 2 langues ou dialectes.
2. Chaque section est dotée de plusieurs prix et mentions (diplômes et médailles, objets d’art, cadeaux...). Chaque candidat peut concourir dans plusieurs sections en acquittant les droits correspondants. Les lauréats des Grands Prix et Prix Spéciaux ne pourront plus concourir pendant 3 ans dans la section où ils auront obtenu le plus de points.
A partir de la 3e participation au concours du CEPAL, les candidats ayant obtenu une récompense et abonnés à la Revue Mil'Feuilles (18€ France -22 € étranger-25€ outremer et soutien) peuvent poser leur candidature aux distinctions du Mérite Culturel.
3. Le CEPAL se réserve le droit de publier les meilleurs textes et illustrations dans un numéro spécial de la Revue Mil'Feuilles. - Les oeuvres seront détruites après proclamation des résultats, sauf les illustrations et cassettes qui peuvent être retirées lors de la remise des prix ou retournées à la demande du candidat (+4 € )
4. Frais d’inscription : voir fiche d'inscription ci-jointe.
5. Présentation : Chaque oeuvre dactylographiée (pas de caractères italiques SVP) ou calligraphiée lisiblement (photocopies acceptées), sur papier blanc 21 x 29,7 cm (A4) uniquement au recto, et en quatre exemplaires.. Agrafer ensemble tous les textes différents d’une même section. La poésie ne doit pas dépasser 50 vers en 1 ou plusieurs poèmes (Haïkus, tankas : 6 poèmes), la prose 4 pages. Pour une série de 4 pages ou 50 vers supplémentaires, ajouter 3 €..
Sonnet classique (Section 2) : ABBA-ABBA-CCD-EDE ou EED. L’illustration (S6) doit émaner de préférence du candidat, ou d’un artiste acceptant la participation au concours ; on ne peut utiliser une oeuvre ou sa reproduction sans fournir l’autorisation expresse de l’artiste. Les oeuvres plastiques peuvent être un dessin, pastel, huile, aquarelle, photo, etc. L’œuvre sera fournie si possible en original, (sinon en bonne photocopie noir et blanc pour les dessins, et couleur pour les autres), la cassette ou le CD en un seul exemplaire, mais toujours accompagné du texte en quatre exemplaires. Pour la chanson (S7) préciser de qui sont la musique et l'interprétation. Veiller à la bonne qualité sonore du support fourni. S9 : Les poèmes géométriques s'articulent, s’inscrivent dans (ou se superposent à) un graphique ou un dessin en rapport avec le texte.

Les oeuvres doivent rester strictement anonymes (ni nom, ni signature), sauf pour le recueil. Chaque exemplaire portera en haut à droite de l’œuvre les mentions :
a) de la section choisie. - Pour les sections Collectif, Espoir et Jeune Poète (16, 17, 18), indiquer le N° de section et l'âge (âge moyen pour le Collectif Jeunes) et joindre la photocopie de la carte d'identité (sauf pour les écoles).
b) un code personnel se composant de 2 lettres et trois chiffres: exemple: AB 123 (ce code ne doit pas être réutilisé). Le même pour toutes les œuvres,  il sera porté en haut à droite de chaque oeuvre et sur le bulletin d’inscription (N° d’anonymat).
L’enveloppe contiendra donc :
* les textes en quatre exemplaires (sauf recueil, 1 seul) + le bulletin d’inscription
* le chèque à l’ordre du CEPAL (Pour l’étranger: paiement en timbres français ou mandat international libellé en euro, ou virement sur compte bancaire, ou paiement en espèces (euro uniquement) sous papier carbone ou alu rendant l’enveloppe parfaitement opaque)
* 3 enveloppes timbrées et libellées à l’adresse du candidat (pour l'étranger, timbres facultatifs)
Avant le 31 mars 2011 impérativement, adresser le tout en un seul envoi, NON recommandé, correctement affranchi (si possible en timbres philatéliques) à:
       CEPAL - 1 rue du Nonnenfels - F 57920 KEDANGE sur CANNER
              (tél : (00 33)(0)3 82 83 97 46 / Email : s.gabriel@free.fr)
6. Le palmarès sera adressé aux candidats en juin 2011. La remise des prix aura lieu en septembre 2011 lors d’une cérémonie solennelle à Thionville. Il y aura dans chaque section plusieurs prix et mentions. Les Prix Spéciaux et les Premiers Prix seront remis aux candidats présents. Les diplômes et médailles non retirés seront expédiés à leurs frais aux candidats qui en manifesteront le souhait. Les prix non réclamés dans un délai de 2 mois resteront au CEPAL qui les remettra en jeu.
7. Sélection : Les concurrents s’engagent à ne présenter que des textes inédits et non primés (d’1er ou grand prix). Le recueil, tapuscrit(*) ou édité, peut avoir été primé. Les textes comportant des fautes d’orthographe ou de grammaire, de vocabulaire ou de syntaxe seront pénalisés. De même ceux pouvant heurter la sensibilité du public. Le concours étant l’un des plus importants de France en nombre et en qualité, il est recommandé de ne pas sous-estimer les concurrents ! Le jury est composé d’une vingtaine d’écrivains primés et confirmés, de professeurs, d'artistes et de personnalités compétentes. Il est souverain. Ses décisions sont sans appel. Il se réserve le droit de ne pas attribuer de prix en cas de qualité insuffisante. Toute contestation et recours juridique sont exclus.
8. Quelques conseils : Il est accordé une grande attention au fond, à la pensée et à l'émotion. L'écriture ne doit pas rester une acrobatie verbale ou un exercice de style. Les oeuvres non conformes à la section annoncée ne seront pas reclassées, la revue Mil'Feuilles éditant (entre autres) les règles de l'art poétique et des genres littéraires. Les poèmes classiques seront appréciés selon les conseils de prosodie parus dans la revue. Un condensé de ces articles de prosodie de Jacques Vandomel et la définition des genres (conte, nouvelle, etc) assortis de conseils peuvent être réclamés au CEPAL contre 18 timbres à 0,56€ ou 10 € en chèque à l’ordre du CEPAL.
(*)tapuscrit : tapé à la machine ou par ordinateur

N° d'anonymat:..........................
BULLETIN D’INSCRIPTION au concours littéraire international CEPAL 2011
(à: CEPAL - 1 rue du Nonnenfels - F 57920 KEDANGE avant le 31 mars 2011)
M. Mme  Mlle..........................................Prénom:................................…......
N° et rue:.................................................................................Tél...............................…...
Code postal:..................Ville:.................................................Mail......................................
Age (uniquement pour sections 16 à 18):...........................
s’inscrit au(x) concours de [Cochez les cases concernées]:   en français          anglais  allemand   luxembourgeois   espagnol   italien   portugais   francophone section européenne (au moins en 2 langues et/ou dialectes)  dialecte lorrain ou alsacien
       1. Poésie classique et formes fixes (rondel - triolet - terza rima - ballade - 
       rondeau - maillet - ghazel - zézel) - 50 vers max. en 1 ou plusieurs poèmes
       2. Sonnet classique (3 poèmes)
       2bis. Poésie contemporaine (50 vers)
       3. Poésie libre ou libérée (50 vers)
       4. Thème: La Lorraine (forme au choix)
       5. Humour (forme au choix)
       6. Texte ou poème illustré (forme au choix)
       7. Chanson poétique
       8. Haïku, tanka (max. 8)
       9. poèmes géométriques et calligrammes
       10. Conte et fable - prose ou vers - thème libre -(4 pages max.)
       11. Nouvelle - thème libre -(4 pages max.)
       12. Prose : Texte court, narration, essai, lettre (4 pages max)
       13. Textes pour enfants (forme libre - 4 pages max.)
       14. Thème Humanité: Paix, devenir de l'homme ( forme libre)
       15. Recueil (tapuscrit ou édité - un seul exemplaire) – tous genres
       16. Collectif Jeunes: scolaires, clubs, ateliers (6 pages max.)
       17. Prix Espoir (jusqu’à 15 ans) toutes formes
       18. Prix Jeune Poète (16 - 22 ans) toutes formes
et joint par la présente (cocher les cases concernées):
4 exemplaires par texte présenté (photocopies acceptées)
une illustration ou une cassette (sections 7 - 8) et 3 photocopies
ce bulletin d’inscription + 3 enveloppes timbrées (b) 1 seule si vous avez un Mail
un chèque (a) à l’ordre du CEPAL - Thionville- d’un montant de :
         15 € pour la section 15 (1 Recueil) – 10 € à partir du 2e
         + 12 € participation adulte pour une autre section ou...
       ou 8 € pour les membres sympathisants
       +.......X 3 € par section ou série de 4 pages  supplémentaires
       + 4 € pour retour dessin ou cassette
       gratuit pour section 16 Collectif Jeunes (6 pages maxi)
       7 € pour sections 17 Espoir et 18 Jeune Poète(c)
   18 € / 22 €  / 25 €a abonnement à la revue Mil'Feuilles (facultatif)
                     TOTAL:...............
(a)   En l'absence de timbres, leur montant (2 Euros) peut être rajouté au montant global.
(b)   Les sommes inférieures ou égales à 15 Euros et pour l'étranger paiement possible en timbres-poste français Virements bancaires possibles depuis l’étranger :
(IBAN) :  FR76 1027 8051 0000 0202 7660 162 – (BIC) : CMCIFR2A

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http://pendrifter.cowblog.fr/commentaires-3084222.htmlSat, 05 Feb 2011 13:16:00 +0100http://pendrifter.cowblog.fr/13eme-concours-litteraire-international-du-cepal-3084222.html
http://pendrifter.cowblog.fr/mon-poison-3083926.htmlMon Poisonhttp://pendrifter.cowblog.fr/images/MonPoison.jpg

       Le moment était désormais venu pour toi de poursuivre ton chemin. Un chemin que tu parcourais depuis tant d'années déjà, vers un horizon incertain, poursuivant peut-être une chimère. C'est sur cette même route que nous nous sommes croisés. J'étais plongé dans l'obscurité, mais j'y trouvais alors un certain plaisir. Pendant un temps, tu m'avais saisi par la main. Tu avais enchaîné mon coeur avec tes sourires et ton regard d'ambre. Pendant un temps, seulement... Tu pensais être arrivée au bout du chemin, tu croyais avoir touché au but et pouvoir enfin poser tes valises. Tu t'étais trompée.

       C'est du moins ce que tu penses. Mais mon coeur hurle que tu as tort, et mon esprit est sur le point d'exploser à force de réflexion. Je suis entré dans ton univers, j'ai touché un astre si lumineux et si brûlant que je m'en suis brûlé les ailes. Et tu me précipites aujourd'hui au plus profond des ténèbres, brisé et prostré, sans plus m'accorder un seul regard. Aucune considération. Comme si rien de tout ça n'avait existé. Est-ce que ce n'était que le fruit de mon imagination? Un rêve qui a viré au cauchemar et dont je viens soudainement de me réveiller? Je ne mérite pas même le rôle de confident? D'ami? Où est passée cette jeune femme sensible, délicate et passionnée? Les questions affluent et se bousculent, mais les réponses ne viennent pas, et sans doute ne viendront-elles jamais.

       Insupportable. Après avoir partagé ton quotidien, goûté à tes gestes remplis de douceur et à tes lèvres de velours, il ne me reste plus guère que le néant, l'incompréhension et une rancoeur qui grandit de jour en jour. Si seulement celle-ci pouvait se métamorphoser, à la façon d'une chrysalide, pour devenir haine. Tout serait tellement plus simple. Mais seul demeure un sentiment d'abandon et de désespoir lorsque je constate que tout l'amour et toute l'affection que je te porte ne veulent pas s'éteindre. Malgré le fait que tu ne sois plus « Elle ». Malgré le fait que je ne sois plus que l'ombre de moi-même. Par ta faute. Tu es désolée d'être entrée dans ma vie? Moi je suis désolé que tu aies décidé d'en sortir.

       Tout ça au nom de quoi? D'un amour de jeunesse qui te hante? D'une sensation perdue que tu désespères de retrouver? Est-ce que ça vaut un tel sacrifice? Non, j'en doute. Tu courrais ta vie entière dans son sillage que tu ne l'atteindrais jamais. Mais « Il » est toujours présent. Tu lui permets de jouer avec toi et tes sentiments. Tu le laisses te poursuivre et te pourrir l'existence. Tu acceptes de saborder ce que tu as et ce qui est bon pour toi pour ce que tu n'as plus. Tu ne sais pas, et tu ne sauras jamais ce que c'est que d'aimer vraiment. Pleinement. Se donner entièrement l'un à l'autre sans attendre en retour un reflet de son propre égoïsme. C'est quelque chose qui s'apprend, qui se construit à deux. Rien n'est inné. Mais tu es restée une enfant. Tu es restée naïve, et ton esprit étriqué ne conçoit pas un monde en dehors du tien.

       Puisque tu préfères te borner à ta vision des choses, soit. Continue à te voiler la face, à fermer les yeux sur ce qui pourrait changer ta vie et sur ceux qui tiennent réellement à toi. C'est trop beau, trop immaculé pour toi. Tu sembles te complaire dans ta douleur et dans l'immobilisme. Dans ce cas, souffre, mais n'entraîne personne d'autre dans ta chute. Je ne le méritais pas. Je ne pense pas. Et ce qui me fait le plus mal, c'est d'avoir la conviction que tu n'auras jamais conscience de ce que tu perds. Ce soir, ma plume devient serpent et je crache mon venin. Tu as le droit de me haïr pour ça. Au moins, je comprendrai pourquoi tu as installé ce silence et cette distance entre nous. Mais ne va pas croire que je me sens mieux pour autant. Mes cris reflètent mon désarroi et mon inquiétude. Peu importe ce qu'il peut advenir de moi, prends seulement soin de toi.

       Je ne te renie pas. Je t'espère en vain. Si un jour, la jeune fille que j'ai rencontré sur ce banc devait réapparaître, je t'en prie : dis-lui que je me languis d'elle.

       Je t'aime...


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http://pendrifter.cowblog.fr/commentaires-3083926.htmlFri, 04 Feb 2011 00:00:00 +0100http://pendrifter.cowblog.fr/mon-poison-3083926.html
http://pendrifter.cowblog.fr/la-chute-de-la-maison-rozieres-2-2-3083493.htmlLa Chute de la Maison Rozières (2/2)http://pendrifter.cowblog.fr/images/LaChutedelaMaisonRozieres22.jpg

       Une coupe d’hydromel posée devant elle, Elika avait fini par parler, sa langue se déliant au fur et à mesure que l’alcool brûlait sa gorge. Au fond, elle n’était pas si différente des autres que ce qu’elle se plaisait à prétendre. Elle avait trouvé dans la boisson un refuge, un exutoire aussi tentant que dangereux. Son seul orgueil, sa seule prétention était de se délecter des liqueurs et des vins les plus raffinés gardés depuis des générations dans les sous-sols de la demeure Rozières. Chacun son trésor…

       Falgor, assis face à elle, n’avait pas bronché. Seul le pli qui barrait son front témoignait du souci qu’il pouvait se faire. Il avait mis tant de lui-même dans cette vulgaire mascarade qu’il appelait Résistance que chaque imprudence d’Elika lui coupait le sommeil, remplaçant le calme des rêves qu’il parvenait encore à faire par de longues réflexions solitaires dont seule une cinglante frustration émanait. Pourtant, c’était pour elle qu’il avait peur, il le savait bien. Il avait fait une promesse qu’il se sentit soudainement incapable de tenir.

       - Ta mère ne t’a-t-elle jamais appris à tourner sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler ?

       - Je me suis laissée emporter, ça n’arrivera plus.

       - Ça arrivera au prochain bel homme que tu croiseras, pour peu qu’il ait un peu d’esprit et assez de jugeote pour ne pas te sauter dessus !

       - Tu es jaloux parce qu’il a une centaine d’années de moins que toi ?

       Le regard moqueur, le menton effrontément relevé, elle le défia du regard l’espace d’un instant. Pour une fois, ce fut lui qui abandonna là sa leçon de morale. Il n’arriverait à rien de cette façon, et les multiples égratignures qu’il recevait à chaque fois qu’il se frottait au caractère d’Elika le fatiguaient chaque jour un peu plus. La vieillesse… Elle n’avait pas tort.

       - Je me fiche pas mal de cet inconnu, Falgor. Mais le fait qu’il vienne d’Alistryn m’a fait penser qu’il n’était pas du même acabit que les autres. Je m’arrangerai pour le retrouver et le faire suivre, si tu veux… De cette façon, nous serons fixés.

       Le vieil homme se gratta la barbe, puis haussa les épaules, finalement indifférent à cette histoire. Il quitta sa chaise et jeta un œil par l’une des fenêtres de la bâtisse. Le ciel mis à part, tout semblait calme au-dehors.

       - Va te reposer, dit-il à Elika sans quitter la rue des yeux. Je te réveillerai si l’un de nos indicateurs nous rend visite…

       Elle acquiesça, termina sa coupe et quitta la table bancale. Le faste ébréché de la Grande Maison Rozières gardait ce parfum d’autrefois, malgré les défauts apparents dont elle rendait aujourd’hui compte.

       - Je regrette, Falgor.

       - De lui avoir adressé la parole ?

       Elle eut un sourire, puis disparut à l’angle de l'escalier de pierre qui menait aux étages.

       - Ou de ne pas lui avoir demandé son nom… ?, murmura le vieillard en quittant la pièce.

Avec la participation de Fiona.
A.W.

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http://pendrifter.cowblog.fr/commentaires-3083493.htmlWed, 02 Feb 2011 14:30:00 +0100http://pendrifter.cowblog.fr/la-chute-de-la-maison-rozieres-2-2-3083493.html
http://pendrifter.cowblog.fr/la-chute-de-la-maison-rozieres-extrait-3083397.htmlLa Chute de la Maison Rozières (Extrait)http://pendrifter.cowblog.fr/images/LaChutedelaMaisonRozieres12.jpg

       Le souffle court, le grand hongre bai aux trois balzanes, signe des chevaux rois, stoppa sa course effrénée dans les rues de Sainte-Fontaine à l’entrée du quartier des Pas Perdus. Les murs froids des bâtisses, autrefois riches de couleurs vives, répercutèrent longuement le bruit de ses sabots sur le pavé. L’écume sur ses flancs et la buée s’échappant de ses naseaux témoignaient de l’allure qu’il avait du maintenir, guidé par la voix de sa cavalière.

       Elika sauta au bas de sa monture, remonta d’un geste mécanique les étriers et, passant les rênes par-dessus l’encolure du hongre, le mena sous les arcades qui entouraient la bâtisse en ruine. Autrefois, palefreniers et écuyers se seraient précipités au-devant de la jeune femme, comblant le cheval harassé de leurs soins ; valets et suivantes auraient déchargé Elika de sa cape, de ses gants, se seraient enquis de sa santé et l’auraient précédée jusqu’à la grande porte qu’ils lui auraient ouverte, un sourire sur les lèvres, annonçant le retour de Elika Marina de Rozières, fille du Héros et Sénéchal Lodamos de Rozières.

       Mais les temps avaient changés, et seul le regard bleu du vieux Falgor accueillit la jeune femme.

       - Tu rentres tôt, et vite… Mauvaise journée ?

       Elle haussa les épaules, par réflexe, puis désangla Ahman, retira son filet et lui asséna une petite tape sur la croupe. Le hongre hennit légèrement,
puis disparut en trottant dans l’ouverture d’un mur ébréché.

       - Et en plus, tu ne parles pas, reprit le vieillard. Et tu ne t’occupes pas de ton cheval non plus. Heureusement qu’il commence à connaître le chemin
des écuries…

       - Tu appelles ça des écuries, toi ? Cet espèce de trou dans un mur avec du foin de l’autre côté ?

       Falgor grimaça, massant son dos distraitement.

       - C’est vrai, ton père n’aurait jamais permis ça…

       - Mon père est en exil, Falgor.

       - Et tu me le rappelles chaque fois avec un tact qui m’étonnera toujours ! Alors… cette journée ?

       Elika soupira, vaincue par la sinistre ironie du vieux maître des lieux. Aussi loin que la jeune femme s’en souvienne, il avait toujours été là, au service de ses parents, dirigeant d’une main de fer dans un gant de velours la tenue de la Grande Maison Rozières. Mais sa rigueur n’était qu’une façade... Chaque fois qu’il posait le regard sur Elika, l’immense douceur du bleu de ses yeux le trahissait.

       Elle plongea sa main dans la poche droite de sa tunique et en sortit un parchemin froissé qu’elle jeta au vieil homme.

       - Je t’ai trouvé ce que tu voulais, et pour la énième fois je ne vois pas en quoi cela va nous aider. Ce sont des chimères que tu pourchasses…

       - Et tu es parfaite dans le rôle de Bellérophon, sur ton splendide Pégase détecteur d’écuries !

       - Tu crois encore à ces vieilles légendes, Falgor ?

       - Je crois en ce que je peux, Elika... Allez, rentrons, tu me raconteras à l’intérieur.

Avec la participation de Fiona.
A.W.
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http://pendrifter.cowblog.fr/commentaires-3083397.htmlTue, 01 Feb 2011 23:55:00 +0100http://pendrifter.cowblog.fr/la-chute-de-la-maison-rozieres-extrait-3083397.html
http://pendrifter.cowblog.fr/amnesia-the-dark-descent-3082807.htmlAmnesia : The Dark Descent

       Mon élan créatif ayant été stoppé net par la visite du château de Brennenburg (brrr), il fallait que je consacre un article à ce soft qui est un véritable OVNI à mes yeux, dans le bon sens du terme. Une expérience qui ne manquera pas d'en ébranler plus d'un, voilà à quoi pourrait se résumer Amnesia : The Dark Descent. Immersif à souhait, c'est un véritable cauchemar éveillé que nous propose là Frictionnal Games, un tout petit studio suédois qui mériterait d'être pris pour exemple. Après avoir planché sur la trilogie des Penumbra que je n'ai pas eu la chance de tester, voilà qu'ils remettent le couvert pour le meilleur et pour le pire. Et surtout pour le meilleur...

       Ce qui reste de ma mémoire fragmentée s'évanouit peu à peu dans les ténèbres. Le chaos règne dans mon esprit et seul subsiste le sentiment d'être traqué. Je dois fuir.

       Amnesia : The Dark Descent nous invite à nous glisser dans la peau d'un certain Daniel tandis qu'il reprend connaissance dans les entrailles d'un château délabré. Incapable de se souvenir des circonstances de sa venue en ce lieu inquiétant, le malheureux n'a d'autre choix que d'explorer cet environnement peu hospitalier à la recherche d'éventuels souvenirs. Rapidement, il s'apercevra que le danger ne vient pas seulement de cet endroit, mais aussi et surtout de ce qui se terre au plus profond de son esprit. C'est un déroutant voyage au sein des recoins les plus obscurs de l'esprit humain qui s'offre à nous. Un voyage comme je les aime et dont on revient rarement indemne...

       Des bruits de pas traînants? Ou est-ce juste mon esprit qui me joue des tours?

       Tout contribue dans cet opus à nous identifier au personnage, à prendre sa place. Dès lors qu'on a entreprit ce terrifiant périple, il n'est plus possible de s'en détacher avant le dénouement final. Les questions se mettent à affluer par dizaines et ni l'atmosphère inquiétante qui règne dans les corridors du château, ni l'obscurité d'où s'élèvent des bruits qui n'ont rien de très rassurant ne parviennent à nous détourner de notre quête. Les réponses se trouvent ici, et à mesure que les indices font leur apparition, on commence à entrevoir la terrible réalité. Au point qu'on se demande s'il ne valait pas mieux tout oublier, en effet. Les fans de Lovecraft et de Poe seront aux anges...

       Quelque chose émerge des ténèbres. Ça s'approche. Vite.

       Les phénomènes inexpliqués qui tendent à se multiplier (portes qui claquent, bruits de pas, matière visqueuse qui investit peu à peu les lieux) ne manqueront pas d'en faire sursauter plus d'un (l'ambiance visuelle et sonore y sont pour beaucoup). Et je ne parle même pas de certains passages particulièrement éprouvants à la fois pour la santé mentale du personnage et pour nos propres nerfs, notamment lorsque notre chemin croise celui des "résidents" du château. Point d'arme ou de moyen de se défendre dans Amnesia : The Dark Descent. Se cacher, fuir ou faire preuve d'ingéniosité malgré le sentiment de panique qui ne manque par de s'immiscer en nous sont nos seules échappatoires.

       Avez-vous ce qu'il faut pour survivre?


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http://pendrifter.cowblog.fr/commentaires-3082807.htmlSun, 30 Jan 2011 22:56:00 +0100http://pendrifter.cowblog.fr/amnesia-the-dark-descent-3082807.html
http://pendrifter.cowblog.fr/nouvelle-le-passeur-3082501.htmlNouvelle : Le Passeur


Le Passeur
 
       - Abattez les voiles ! Abattez les voiles, bon sang !

       Le cri du capitaine se perdit dans le fracas assourdissant du tonnerre roulant sur les vagues. Un éclair d’un bleu aveuglant zébra le ciel nocturne terriblement tourmenté, et frappa le galion de plein fouet. Le grand mât, sectionné, s’abattit dans un enchevêtrement de cordages et la vergue s’écroula, écrasant une poignée de marins. La vigie fut précipitée dans les flots bouillonnants qui s’abattaient sans ménagement contre la coque.

       La pluie battante se mit alors à redoubler de violence, martelant un pont jonché de débris et de corps épars entre lesquels s’affairaient ceux qui avaient été jusque là épargnés par la fureur de la tempête. Une puissante bourrasque gonfla les voiles noires encore intactes du navire, lui donnant l’image d’un oiseau de mauvais augure déployant ses ailes, tandis que la gargouille ricanante placée à la proue semblait narguer les profondeurs abyssales.

       Le Naufrageur s’écrivait en lettres dorées sur les flancs du bateau qui fendait tant bien que mal les gigantesques vagues, et il ne s’agissait en l’occurrence que d’un bâtiment sinistre transportant sur son dos une troupe d’hommes effrayés.

       Un marin se signa et déclara d’une voix blanche :

       - Que les Dieux nous épargnent ! Nous allons sombrer !

       L’homme qui se tenait près de lui le saisit alors par la tunique, le regard menaçant.

       - Retourne à ton poste immédiatement. Ce galion atteindra les côtes de Mylanor coûte que coûte. Nous ne pouvons nous permettre de perdre notre cargaison !

       - Votre entêtement nous perdra tous, Sire Roivas. Si nous survivons à cette nuit, soyez certain que nous vous ferons regretter la perte de nos compagnons…

       Sur ces mots, le matelot se dégagea rageusement puis traversa le pont en direction de la poupe en se retenant à tout ce qui était encore solidement fixé au plancher, tant le navire était secoué par la houle. Le mercenaire le regarda s’éloigner, puis détourna son regard pour le laisser embrasser l’étendue d’eau déchaînée. Un énième éclair vint déchirer l’horizon, révélant une forme indistincte aux proportions titanesques qui cinglait à quelques encablures, juste sous la surface de l’eau.

       - Ainsi donc, l’heure est venue, souffla Roivas, sombrement. J’aurais dû me douter que cela finirait de la sorte.

       Comme pour confirmer ses pensées, un nouveau cri se fit entendre :

       - Une brèche s’est ouverte dans la cale ! Nous coulons !

       A cet instant, le peu de calme qu’avait su conserver l’équipage fondit comme neige au soleil. Des marins et des soldats en armes se mirent à traverser le navire en se bousculant et en hurlant comme des damnés, n’ayant plus que pour seul but que de mettre les chaloupes à la mer. Un vent de panique soufflait sur le pont, et Roivas ne put s’empêcher de frissonner en imaginant ces hommes grimper sur ces coques de noix qui auront tôt fait d’être broyées par l’écume rugissante.

       Jetant un nouveau coup d’œil en direction de la mer démontée, ce fut de la haine et du mépris qu’il ressentit à l’égard de la créature qui était à présent invisible, mais qui continuait sans aucun doute à les guetter, là-bas, derrière le rideau de la pluie. Il ne pouvait accepter l’idée de laisser sombrer le précieux artéfact dans les abysses froids et insondables de l’océan. Pas après avoir pris tous ces risques. Pas sans avoir tenté le tout pour le tout…

       Criant à pleins poumons, chancelant à chaque secousse qui parcourait la structure du navire, il entreprit de reformer les rangs désorganisés de l’équipage tandis que le capitaine continuait d’aboyer ses ordres, braillant au timonier de redresser la quille et de virer de trente degrés sur bâbord. L’étrave du Naufrageur se redressa et le pont s’inclina docilement sur la gauche… quand un nouvel éclair ébranla l’arrière du bâtiment, impact presque immédiatement suivi d’une violente embardée qui jeta tous les hommes sur le pont.

       Roivas entendit derrière lui le cri désespéré d’un matelot lorsqu’il fut projeté par-dessus bord, hurlement rapidement tu par le sifflement du vent et la fureur des vagues. Il se releva tant bien que mal, lançant un regard interrogateur en direction du capitaine qui demanda à ce que ses hommes s’empressent d’établir un bilan des avaries. L’éclair avait touché le galion de plein fouet, de sorte qu’il avait éventré une partie de la coque et endommagé le gouvernail de façon préoccupante. De fait, le navire commençait à dériver sur tribord. En outre, une inquiétante fumée noire parcourue de braises incandescentes s’éleva peu à peu de la brèche.

       Alors que le bâtiment s’enfonçait dans un gros nuage noir, Roivas sentit l’odeur métallique et âcre du méthane envahir ses narines. S’il n’en ressentit pas immédiatement les effets nocifs d’où il se tenait, la réaction du timonier et d’une partie du reste de l’équipage face à ces émanations néfastes fut dramatique : agrippant leurs gorges à deux mains, des malheureux s’effondrèrent sur le sol en suffoquant. Parant au plus pressé, le capitaine cria au mercenaire, entre deux quintes de toux, de prendre la barre pendant qu’il descendrait dans la cale pour tenter d’éteindre l’incendie et sauver la cargaison. Roivas se précipita en direction de la timonerie, le cœur douloureux et les oreilles bourdonnantes, et prit le gouvernail des mains d’un homme au bord de la syncope, s’efforçant de maintenir le cap de ce vaisseau ivre dans la tourmente.

       Le vent tourna enfin, rabattant le nuage nocif sur tribord, et ses infortunés compagnons commencèrent à recouvrer leurs esprits. Mais une nouvelle menace se profila presque aussitôt devant l’étrave. Soulevant d’immenses gerbes d’eau, une masse informe et visqueuse émergea des profondeurs, élevant et tordant au-dessus des flots d’innombrables appendices grouillants comme de la vermine. Elle était si colossale que le trois-mâts lui-même semblait d’une taille bien dérisoire comparé à cette créature contre-nature, terrifiante.

       - Le Passeur ! Le Passeur nous a rattrapé !

       Roivas sentit son cœur se serrer à la vue de ce formidable adversaire, et sa propre détermination fut ébranlée lorsqu’il réalisa enfin que la bête ne le laisserait jamais atteindre la côte avec son précieux butin. Le kraken replongea presque aussitôt, générant un large tourbillon vers lequel le Naufrageur se mit inexorablement à dériver. Arc-bouté sur la barre, le mercenaire lutta farouchement pour éloigner le galion de ce gouffre grondant, tourbillon vertigineux capable d’engloutir en un instant le plus robuste des navires. Ce fut un combat de tous les instants qu’il eut à mener pour maintenir la trajectoire du bâtiment. Il jeta la barre à bâbord toute pour contrer cette dérive incessante qui le rapprochait dangereusement du typhon. Mais l’avarie du gouvernail rendait le comportement du trois-mâts aussi rétif qu’imprévisible si bien que, dans les secondes qui suivirent, il dut effectuer en catastrophe la manœuvre inverse pour éviter de passer à portée des tentacules qui surplombaient encore la mer.

       Une poignée de marins s’était attachée au mât, d’autres se contentaient de se cramponner un peu plus fort au bastingage, remettant leur sort entre les mains de Dieux depuis longtemps devenus sourds aux suppliques des Hommes. En désespoir de cause, Roivas concentra toute l’acuité de ses sens sur un point imaginaire de l’horizon situé dans l’exact alignement qui séparait le tourbillon mugissant et les appendices du Passeur, en se contentant d’agir intuitivement sur les commandes du vaisseau, comme si ce dernier n’était qu’un prolongement de son corps. Il ne put empêcher son cœur de bondir dans sa poitrine lorsque la foudre qui fusait régulièrement autour d’eux vint frapper les flots dans une cacophonie de fin du monde à quelques mètres à peine du navire, rendant la manœuvre plus délicate encore. Il fit de son mieux pour anticiper la moindre défaillance, chaque dérobade du Naufrageur, à peine conscient du travail de ses mains sur la barre, restant indifférent aux cris de terreur de l’équipage.

       Jusqu’au dernier instant, il tira sur la barre rétive pour arracher le vaisseau des mâchoires de ce piège mortel, en retenant son souffle. Au bout de ce qui lui sembla une éternité, le typhon sembla enfin se rétrécir, et fut sur le point d’être tout à fait dépassé quand un tentacule muni de crochets s’abattit sur la coque, juste sous la dunette, et une éblouissante lumière blanche oblitéra les sens du mercenaire tandis qu’il fut violemment projeté sur le pont.

       Le souffle coupé, il se sentit plonger dans les ténèbres, presque avec un certain soulagement.

       Il eut alors vaguement conscience d’une présence qui le surplombait, et il crut sentir une main se poser brutalement sur son épaule. On le tira sans ménagement à travers le chaos qui régnait sur le pont, et lorsqu’il parvint à entrouvrir brièvement les yeux, ce fut pour distinguer une silhouette féminine rabattre sur lui le couvercle de ce qui semblait être le caisson à cordage.

       - Qu’est-ce qu… Est-ce vraiment toi ? Souffla-t-il, au bord de l’inconscience.

       Recroquevillé entre les épais rouleaux de cordage, il guetta les moindres bruits et mouvements de l’extérieur, sa vision se troublant peu à peu. Son estomac se souleva lorsque le galion se mit à rouler d’un bord sur l’autre, et son sang se glaça quand des cris de terreur retentirent sur le pont. Puis, les grincements montant de la cale s’amplifièrent brusquement pour laisser place à un horrible craquement de bois accompagné d’une violente secousse. Le Naufrageur, qui prenait déjà l’eau depuis plusieurs minutes, parut basculer de l’avant en craquant de toutes ses membrures et s’enfonça dans l’océan glacial. C’est alors que Roivas perdit connaissance, s’enfonçant dans un silence surnaturel…

Création personnelle soumise à des droits d'auteur.
A.W.

       Texte sans réel rapport avec les deux chapitres évoqués précédemment, si ce n'est que l'action se déroule dans le même univers. Il a été écrit dans le cadre d'une participation à un concours organisé par le CEPAL (Centre Européen pour la Promotion des Arts et des Lettres). Il est possible que j'incorpore ultérieurement ce passage à mon projet, mais je n'ai encore rien décidé à l'heure actuelle. Les abysses exerçant sur moi une fascination mêlée de crainte, je ne m'étonne qu'à moitié d'avoir eu envie d'écrire quelques lignes sur ce thème, plus particulièrement après qu'un ami m'ait montré l'illustration qui accompagne cet article. Un de mes textes qui m'est venu le plus naturellement, et dont je suis relativement satisfait (ce qui est une chose plutôt rare)!
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http://pendrifter.cowblog.fr/commentaires-3082501.htmlSat, 29 Jan 2011 21:50:00 +0100http://pendrifter.cowblog.fr/nouvelle-le-passeur-3082501.html
http://pendrifter.cowblog.fr/eternal-darkness-sanity-s-requiem-3081947.htmlEternal Darkness : Sanity's Requiemhttp://pendrifter.cowblog.fr/images/EternalDarknessSanitysRequiem.jpg

       Puisqu'il était question hier de la place de l'inspiration dans la démarche créative, j'ai jugé intéressant et naturel d'énumérer et de parler des oeuvres qui m'auront influencé d'une manière ou d'une autre. Je remercie d'ailleurs au passage les deux intervenants qui m'auront fait part de leur sentiment à ce sujet. Le premier chapitre du roman, Sombre présage, m'a donc été inspiré par une musique tirée de l'OST Eternal Darkness : Sanity's Requiem, elle-même extraite du jeu vidéo du même nom. Malgré quelques tares et une performance technique quelque peu discutable, il serait dommage d'avoir fait l'impasse sur ce soft qui s'inspire ouvertement d'auteurs tels que Lovecraft ou Poe, dont on retrouve certaines citations in-game. Développé par Silicon Knights, sorti en 2002 sur Nintendo GameCube, il a été trop souvent classé à tort dans la catégorie du survival horror. Personnellement, je préfère employer le terme de thriller psychologique. Et pour cause!

       Mettant en scène un conflit opposant le Bien et le Mal selon une approche on ne peut plus lovecraftienne, ce petit bijou réunit tous les mécanismes qui ont fait le succès (de façon posthume, certes) de ce cher Howard : la peur dans ce qu'elle a de plus primaire, la recherche de la connaissance avec tous les risques que cela suppose, une menace cosmique et un savoir qui dépassent l'entendement humain, l'insignifiance de l'Humanité, l'ombre de la folie qui s'étend et s'empare peu à peu de ceux qui entraperçoivent la terrifiante vérité. Ici aussi, plusieurs mortels liés à travers les âges vont être amenés à jouer un rôle dans la lutte contre les Anciens, bien souvent contre leur volonté et/ou sans avoir conscience de la puissance des entités contre lesquelles ils se dressent. Ce combat qui semble bien mal entamé pour le genre humain va se dérouler sur vingt siècles, et de nombreux sacrifices vont devoir être envisagés pour seulement espérer retarder la terrible échéance.

       Ce qui aura fait le succès d'Eternal Darkness : Sanity's Requiem aura sans doute été la prise en compte de la santé mentale des protagonistes, et ce par le biais d'une barre représentant leur aplomb psychologique. Plus les personnages vont être confrontés à des phénomènes inexplicables ou à des visions d'horreur, plus la réalité et la folie vont se mêler jusqu'à se confondre. Au point qu'on en arrive à se demander si telle statue n'a pas réellement tourné la tête sur notre passage, et si ce sang qui dégouline des murs est bien vrai ou s'il s'agit d'une hallucination. Quand à la bande son, elle renforce efficacement l'immersion en passant par des thèmes tantôt pesants tantôt angoissants, avec sanglots et murmures d'outre-tombe à l'appui. Ce fut sur le thème The Penitent que j'ai imaginé et écrit ce passage. Je laisse ici un lien pour les curieux, et je leur recommande vivement d'écouter le reste de l'OST, en particulier The Gift of Forever qui reste mon préféré.


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http://pendrifter.cowblog.fr/commentaires-3081947.htmlThu, 27 Jan 2011 22:37:00 +0100http://pendrifter.cowblog.fr/eternal-darkness-sanity-s-requiem-3081947.html
http://pendrifter.cowblog.fr/la-premiere-piece-de-l-echiquier-3081621.htmlLa première pièce de l'échiquier       Le plagiat, c’est le fait de copier une œuvre ou de s’en inspirer fortement. C’est considéré comme du vol : le plagiaire peut être condamné par la justice. Ce mot vient du latin plagiarus, qui avait un sens très fort : « celui qui vole les esclaves d’autrui ». Il est issu du grec plagios « oblique, fourbe ».
       Afin d’éviter l’appropriation de ces textes, les prochaines publications se résumeront à des extraits ou fragments du roman. Cela dit, j’invite toute personne désireuse de lire le passage dans son intégralité à me contacter. Je précise que les textes publiés dans leur intégralité ont déjà été primés par des organismes littéraires (dans le cadre de concours essentiellement) ou sont, dans le cas contraire, protégés via enveloppe Soleau.
       Pour tous renseignements complémentaires en rapport avec ce moyen de protection, voir le site de l’INPI,  http://www.inpi.fr/.


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02 Chapitre Premier - Sombre présage (Extrait)

       La fillette s’éveilla tandis que mourait dans sa gorge un hurlement d’effroi. Ses ongles avaient labouré son cou d’où irradiait encore une douleur lancinante. Elle se redressa dans un sursaut, le souffle court, et le regard animé par l’horreur. Le sang battait si fort à ses tempes qu’elle se cru sur le point de défaillir. Elle demeura assise là longtemps, en tailleur, les couvertures rejetées au pied du lit et le corps secoué de frissons. Son esprit était encore tourmenté par les échos d’un cauchemar devenu trop coutumier. Lorsque l’enfant parvint enfin à se dominer, elle enfouit son visage au creux de ses mains et poussa un long soupir qui trahissait sa lassitude et son désespoir. Elle n’en pouvait plus, et ce fut à grand peine qu’elle étouffa un sanglot.

       Refusant de se laisser abattre, elle se frotta les yeux puis se leva sans bruit, ses pieds nus effleurant le plancher vermoulu. Le candélabre qui diffusait une lumière vacillante projeta alors sur les murs de pierre une ombre fluette et tremblotante. Une légère brise s’engouffrait par la minuscule fenêtre qui surmontait la couche, apportant avec elle les rumeurs de la nuit et le chant lointain d’un grillon mauriuri. Ce souffle frais sur sa peau couverte de sueur arracha à l’enfant un nouveau frisson, et ce fut en claquant des dents qu’elle s’écarta de son lit pour se diriger vers le miroir accroché près de la lourde porte de chêne. Elle n’eut qu’un pas à faire, tant sa cellule était petite et dépouillée. Tout avait été fait pour favoriser le recueillement : une table de travail avec un tabouret, une étagère, un lit, un placard et un baquet d’eau constituaient le seul mobilier de sa chambre.

       A travers ses postillons de rouille, le miroir renvoya à la fillette l’image d’une enfant encore très jeune, sage et sereine… mais exténuée. La peau sombre, elle partageait les attributs physiques des peuples des terres orientales, et il était vrai qu’elle ressemblait traits pour traits à sa mère. Elle fut surprise par la gravité et la pureté qu’elle trouva au fond de son regard aux iris dorés, lorsqu’elle le croisa sur la surface polie de la glace. Elle arrangea alors ses tresses défaites par ces maigres heures de sommeil, et glissa entre celles-ci quelques plumes colorées, sa seule coquetterie. Puis elle s’adressa un petit sourire muet avant de se diriger vers la table sur laquelle trônaient un godet en terre cuite et un pichet ébréché.

       Elle s’en saisit et se servit à boire. L’eau était fraîche, et ce fut avec une certaine délectation qu’elle bu ces quelques gorgées après avoir approché le gobelet de ses lèvres. Sa gorge encore douloureuse en fut soulagée. Elle s’apprêtait à se resservir une seconde fois lorsque des gémissements étouffés s’élevèrent du couloir, juste de l’autre côté de la porte en bois. Le godet lui échappa des mains et se fracassa bruyamment sur le sol.

       « Ça recommence… Ça recommence ! »

       La respiration saccadée, elle demeura immobile, ses tempes martelées par la puissance du sang brassé par l’angoisse. Il lui semblait qu’elle sursautait à chaque battement de son cœur. Au terme d’un long silence passé dans un tremblement insoutenable, elle décida d’approcher avec précaution de la porte. Après une nouvelle hésitation, elle appliqua ses doigts fins contre le montant de bois et se hissa sur la pointe des pieds, se risquant à jeter un œil à travers le judas qui donnait sur le cloître. Il y régnait une pénombre presque mystique. Quelques chandeliers laissaient apparaître une fine brume qui semblait onduler dans la galerie. Mais les râles s’étaient tus, et il n’y avait pas âme qui vive à l’extérieur.

       L’angoisse de l’enfant ne s’était pas dissipée pour autant. La peur était toujours aussi présente en elle, et la crise de panique, toujours aussi proche. Elle s’aperçut qu’elle serrait les dents tellement fort que sa mâchoire en devenait un nouveau foyer de douleur. Il fallait pourtant prendre une décision. Si son corps tout entier lui hurlait de quitter précipitamment cet endroit, son esprit, plus réticent, lui suggérait de ne pas céder à cet affolement pourtant déjà ancré en elle. La fillette avait pourtant une terrible impression de déjà-vu, et ne pouvait se défaire de l’idée que quoi qu’elle fasse, elle ne pourrait échapper à son horrible destin.

       Elle recula d’un pas, fixant du regard cette porte qui la séparait du corridor, les poings serrés pour tenter d’entraver ces tremblements intempestifs. Doucement, elle avança une main vers le verrou couvert de rouille…
 

Création personnelle soumise à des droits d'auteur.
A.W.

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http://pendrifter.cowblog.fr/commentaires-3081621.htmlWed, 26 Jan 2011 21:31:00 +0100http://pendrifter.cowblog.fr/la-premiere-piece-de-l-echiquier-3081621.html