Pendrifter

Évasion et introspection sur les sentiers méandreux de l'écriture

Lundi 14 février 2011

http://pendrifter.cowblog.fr/images/RuelledesBordeauxMetz.jpgRuelle des Bordeaux, Metz

       Écrire, écrire. Comment oser écrire alors que de beaux esprits l'ont fait avec maestria bien avant nous ? C'est d'une audace incroyable. Écrire pour accéder à une forme de reconnaissance ou pour que les mots nous survivent ; écrire pour libérer l'esprit de ce qui le hante, pour immortaliser ce qui fait vibrer le cœur. Exutoire ou plaisir personnel, il faut avouer que cette démarche - ce repli sur soi - procure beaucoup de satisfaction : exprimer ce que souvent nous n'avons pas su ou osé dire, c'est extraordinaire. Et puis choisir ses mots et les idées qui étaient tapies derrière, les faire avancer au pas ou danser, ou s'envoler ou rire ou pleurer. C'est un pouvoir merveilleux.

       J'ai parfois l'impression de les choisir, comme des cerises dans une assiette, aussitôt après la cueillette et de les prendre entre mes doigts, les retourner, les soupeser et me régaler des plus sucrés, lorsque j'ai enfin trouvé ceux qu'il me fallait. Une alchimie délicate. Mais voilà, ces mots, ce sont aussi de petites bêtes voraces. Ils nous envahissent. Parfois ils viennent m'assaillir jusque dans mon sommeil. Je crois avoir écrit un texte correct, eh bien non ! Au beau milieu de la nuit, ils viennent tintinnabuler à la porte de mon cerveau embué et se plaindre, me faire comprendre que leur alliance n'est pas des plus réussies, qu'il vaudrait mieux les faire transhumer ailleurs. Ils se veulent informels, mais ils ont leurs petites idées...

       Alors, je leur cède, je me lève et, les cheveux en bataille, une tasse de café fumant à la main, je recommence mon puzzle. A la lueur tremblante d'une myriade de bougies, je change de rythme, rature, ajoute, reconstruis. Ils savent ce qu'ils veulent ! Souvent, je relis avec plus de plaisir et ne regrette pas ce réveil en catimini, même si j'ai un peu froid aux pieds... En guise de récompense, j'ai le droit d'admirer de splendides levers de soleil à travers la frondaison des arbres qui surplombent ma fenêtre, et dont les rais de lumière viennent effleurer ces mots que je regarde marcher à quatre pattes et faire leurs pirouettes. Ils sont le fruit de mon imagination et de mes insomnies.
 
Mis bout-à-bout, ils donnent matière à ce monde qui vit à travers moi.
 
Note : Le travail d'écriture a repris depuis hier. Je suis revenu sur les tous premiers chapitres, pour vérifier si tout cela se goupille bien. Le passage « Incertitudes » fait désormais office de prologue à ce petit récit d'introduction qui portera le titre « Le premier pion de l'échiquier ». Il me semble qu'il n'y a plus matière à toucher à ce texte. Suivant les conseils qui m'ont été donnés, je me suis efforcé de faciliter la lecture en adoptant des phrases plus courtes et moins ponctuées, sans pour autant y renoncer complètement puisque j'estime que c'est un peu ma « marque de fabrique ». Il me semble que l'ambiance est posée, et que les personnages sont suffisamment racoleurs pour avoir envie de lire la suite. Le prochain chapitre change un peu de ton, mais reste selon moi dans la continuité du prologue. Le temps de ce passage, nous perdons momentanément de vue le trio précédemment évoqué pour nous pencher sur l'apparition du personnage clef de ce début de saga : la petite Hiroko.


Dimanche 13 février 2011

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       Une longue absence. Un peu de rangement à faire, de l'ordre à remettre dans mes idées. Il s'est passé tellement de choses ces derniers temps. La fin des études, plusieurs mois de travail, quelques petites « fins du monde », une reconstruction hasardeuse, une rencontre inattendue. Une belle correspondance...

       Je commence tout juste à remettre des couleurs dans mon existence. On m'a invité à aller les chercher, plutôt que d'attendre qu'elles viennent à moi. On m'a aussi dit que j'étais une personne exceptionnelle, que j'écrivais comme un roi, et que je ne pouvais pas être « réel » tant on pouvait se sentir petit face à mes mots. J'ai bien du mal à y croire... Au point de me demander si ce n'est pas cette personne qui n'est pas de ce monde, finalement. Peut-être est-ce moi qui l'ai rêvée.

       Mais ses paroles me transportent et me réinvestissent d'un espoir qui avait décidé de se faire la belle. Je reprends la plume, plus décidé que jamais à persévérer et à mener ce projet à son terme. Je vais écrire du rêve, et si je peux faire s'évader ne serait-ce qu'une personne, alors le challenge sera déjà gagné.

Samedi 5 février 2011

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Le CEPAL (Centre Européen pour la Promotion des Arts et des Lettres) a pour vocation de défendre, d’encourager  et de promouvoir la création. Il propose un programme d’activités artistiques et littéraires qui s’adressent aux peintres, sculpteurs, artisans d'art, écrivains et créateurs. Il édite une revue culturelle trimestrielle « Mil’Feuilles Par Chemins » et organise un Café Littéraire, des expositions, et un Salon d’Arts Plastiques International (sept. 2010)
Règlement :
1. Le concours littéraire est ouvert à tous les poètes et prosateurs d’expression française, allemande, anglaise, luxembourgeoise, espagnole, italienne, portugaise et dialectale jusqu'au au 31 mars 2011. La section "francophone" est réservée aux étrangers (si résidants en France, joindre une photocopie attestant la nationalité) ou Français résidant à l’étranger. La section européenne doit comporter au moins 2 langues ou dialectes.
2. Chaque section est dotée de plusieurs prix et mentions (diplômes et médailles, objets d’art, cadeaux...). Chaque candidat peut concourir dans plusieurs sections en acquittant les droits correspondants. Les lauréats des Grands Prix et Prix Spéciaux ne pourront plus concourir pendant 3 ans dans la section où ils auront obtenu le plus de points.
A partir de la 3e participation au concours du CEPAL, les candidats ayant obtenu une récompense et abonnés à la Revue Mil'Feuilles (18€ France -22 € étranger-25€ outremer et soutien) peuvent poser leur candidature aux distinctions du Mérite Culturel.
3. Le CEPAL se réserve le droit de publier les meilleurs textes et illustrations dans un numéro spécial de la Revue Mil'Feuilles. - Les oeuvres seront détruites après proclamation des résultats, sauf les illustrations et cassettes qui peuvent être retirées lors de la remise des prix ou retournées à la demande du candidat (+4 € )
4. Frais d’inscription : voir fiche d'inscription ci-jointe.
5. Présentation : Chaque oeuvre dactylographiée (pas de caractères italiques SVP) ou calligraphiée lisiblement (photocopies acceptées), sur papier blanc 21 x 29,7 cm (A4) uniquement au recto, et en quatre exemplaires.. Agrafer ensemble tous les textes différents d’une même section. La poésie ne doit pas dépasser 50 vers en 1 ou plusieurs poèmes (Haïkus, tankas : 6 poèmes), la prose 4 pages. Pour une série de 4 pages ou 50 vers supplémentaires, ajouter 3 €..
Sonnet classique (Section 2) : ABBA-ABBA-CCD-EDE ou EED. L’illustration (S6) doit émaner de préférence du candidat, ou d’un artiste acceptant la participation au concours ; on ne peut utiliser une oeuvre ou sa reproduction sans fournir l’autorisation expresse de l’artiste. Les oeuvres plastiques peuvent être un dessin, pastel, huile, aquarelle, photo, etc. L’œuvre sera fournie si possible en original, (sinon en bonne photocopie noir et blanc pour les dessins, et couleur pour les autres), la cassette ou le CD en un seul exemplaire, mais toujours accompagné du texte en quatre exemplaires. Pour la chanson (S7) préciser de qui sont la musique et l'interprétation. Veiller à la bonne qualité sonore du support fourni. S9 : Les poèmes géométriques s'articulent, s’inscrivent dans (ou se superposent à) un graphique ou un dessin en rapport avec le texte.

Les oeuvres doivent rester strictement anonymes (ni nom, ni signature), sauf pour le recueil. Chaque exemplaire portera en haut à droite de l’œuvre les mentions :
a) de la section choisie. - Pour les sections Collectif, Espoir et Jeune Poète (16, 17, 18), indiquer le N° de section et l'âge (âge moyen pour le Collectif Jeunes) et joindre la photocopie de la carte d'identité (sauf pour les écoles).
b) un code personnel se composant de 2 lettres et trois chiffres: exemple: AB 123 (ce code ne doit pas être réutilisé). Le même pour toutes les œuvres,  il sera porté en haut à droite de chaque oeuvre et sur le bulletin d’inscription (N° d’anonymat).
L’enveloppe contiendra donc :
* les textes en quatre exemplaires (sauf recueil, 1 seul) + le bulletin d’inscription
* le chèque à l’ordre du CEPAL (Pour l’étranger: paiement en timbres français ou mandat international libellé en euro, ou virement sur compte bancaire, ou paiement en espèces (euro uniquement) sous papier carbone ou alu rendant l’enveloppe parfaitement opaque)
* 3 enveloppes timbrées et libellées à l’adresse du candidat (pour l'étranger, timbres facultatifs)
Avant le 31 mars 2011 impérativement, adresser le tout en un seul envoi, NON recommandé, correctement affranchi (si possible en timbres philatéliques) à:
       CEPAL - 1 rue du Nonnenfels - F 57920 KEDANGE sur CANNER
              (tél : (00 33)(0)3 82 83 97 46 / Email : s.gabriel@free.fr)
6. Le palmarès sera adressé aux candidats en juin 2011. La remise des prix aura lieu en septembre 2011 lors d’une cérémonie solennelle à Thionville. Il y aura dans chaque section plusieurs prix et mentions. Les Prix Spéciaux et les Premiers Prix seront remis aux candidats présents. Les diplômes et médailles non retirés seront expédiés à leurs frais aux candidats qui en manifesteront le souhait. Les prix non réclamés dans un délai de 2 mois resteront au CEPAL qui les remettra en jeu.
7. Sélection : Les concurrents s’engagent à ne présenter que des textes inédits et non primés (d’1er ou grand prix). Le recueil, tapuscrit(*) ou édité, peut avoir été primé. Les textes comportant des fautes d’orthographe ou de grammaire, de vocabulaire ou de syntaxe seront pénalisés. De même ceux pouvant heurter la sensibilité du public. Le concours étant l’un des plus importants de France en nombre et en qualité, il est recommandé de ne pas sous-estimer les concurrents ! Le jury est composé d’une vingtaine d’écrivains primés et confirmés, de professeurs, d'artistes et de personnalités compétentes. Il est souverain. Ses décisions sont sans appel. Il se réserve le droit de ne pas attribuer de prix en cas de qualité insuffisante. Toute contestation et recours juridique sont exclus.
8. Quelques conseils : Il est accordé une grande attention au fond, à la pensée et à l'émotion. L'écriture ne doit pas rester une acrobatie verbale ou un exercice de style. Les oeuvres non conformes à la section annoncée ne seront pas reclassées, la revue Mil'Feuilles éditant (entre autres) les règles de l'art poétique et des genres littéraires. Les poèmes classiques seront appréciés selon les conseils de prosodie parus dans la revue. Un condensé de ces articles de prosodie de Jacques Vandomel et la définition des genres (conte, nouvelle, etc) assortis de conseils peuvent être réclamés au CEPAL contre 18 timbres à 0,56€ ou 10 € en chèque à l’ordre du CEPAL.
(*)tapuscrit : tapé à la machine ou par ordinateur

N° d'anonymat:..........................
BULLETIN D’INSCRIPTION au concours littéraire international CEPAL 2011
(à: CEPAL - 1 rue du Nonnenfels - F 57920 KEDANGE avant le 31 mars 2011)
M. Mme  Mlle..........................................Prénom:................................…......
N° et rue:.................................................................................Tél...............................…...
Code postal:..................Ville:.................................................Mail......................................
Age (uniquement pour sections 16 à 18):...........................
s’inscrit au(x) concours de [Cochez les cases concernées]:   en français          anglais  allemand   luxembourgeois   espagnol   italien   portugais   francophone section européenne (au moins en 2 langues et/ou dialectes)  dialecte lorrain ou alsacien
       1. Poésie classique et formes fixes (rondel - triolet - terza rima - ballade - 
       rondeau - maillet - ghazel - zézel) - 50 vers max. en 1 ou plusieurs poèmes
       2. Sonnet classique (3 poèmes)
       2bis. Poésie contemporaine (50 vers)
       3. Poésie libre ou libérée (50 vers)
       4. Thème: La Lorraine (forme au choix)
       5. Humour (forme au choix)
       6. Texte ou poème illustré (forme au choix)
       7. Chanson poétique
       8. Haïku, tanka (max. 8)
       9. poèmes géométriques et calligrammes
       10. Conte et fable - prose ou vers - thème libre -(4 pages max.)
       11. Nouvelle - thème libre -(4 pages max.)
       12. Prose : Texte court, narration, essai, lettre (4 pages max)
       13. Textes pour enfants (forme libre - 4 pages max.)
       14. Thème Humanité: Paix, devenir de l'homme ( forme libre)
       15. Recueil (tapuscrit ou édité - un seul exemplaire) – tous genres
       16. Collectif Jeunes: scolaires, clubs, ateliers (6 pages max.)
       17. Prix Espoir (jusqu’à 15 ans) toutes formes
       18. Prix Jeune Poète (16 - 22 ans) toutes formes
et joint par la présente (cocher les cases concernées):
4 exemplaires par texte présenté (photocopies acceptées)
une illustration ou une cassette (sections 7 - 8) et 3 photocopies
ce bulletin d’inscription + 3 enveloppes timbrées (b) 1 seule si vous avez un Mail
un chèque (a) à l’ordre du CEPAL - Thionville- d’un montant de :
         15 € pour la section 15 (1 Recueil) – 10 € à partir du 2e
         + 12 € participation adulte pour une autre section ou...
       ou 8 € pour les membres sympathisants
       +.......X 3 € par section ou série de 4 pages  supplémentaires
       + 4 € pour retour dessin ou cassette
       gratuit pour section 16 Collectif Jeunes (6 pages maxi)
       7 € pour sections 17 Espoir et 18 Jeune Poète(c)
   18 € / 22 €  / 25 €a abonnement à la revue Mil'Feuilles (facultatif)
                     TOTAL:...............
(a)   En l'absence de timbres, leur montant (2 Euros) peut être rajouté au montant global.
(b)   Les sommes inférieures ou égales à 15 Euros et pour l'étranger paiement possible en timbres-poste français Virements bancaires possibles depuis l’étranger :
(IBAN) :  FR76 1027 8051 0000 0202 7660 162 – (BIC) : CMCIFR2A

Vendredi 4 février 2011

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       Le moment était désormais venu pour toi de poursuivre ton chemin. Un chemin que tu parcourais depuis tant d'années déjà, vers un horizon incertain, poursuivant peut-être une chimère. C'est sur cette même route que nous nous sommes croisés. J'étais plongé dans l'obscurité, mais j'y trouvais alors un certain plaisir. Pendant un temps, tu m'avais saisi par la main. Tu avais enchaîné mon coeur avec tes sourires et ton regard d'ambre. Pendant un temps, seulement... Tu pensais être arrivée au bout du chemin, tu croyais avoir touché au but et pouvoir enfin poser tes valises. Tu t'étais trompée.

       C'est du moins ce que tu penses. Mais mon coeur hurle que tu as tort, et mon esprit est sur le point d'exploser à force de réflexion. Je suis entré dans ton univers, j'ai touché un astre si lumineux et si brûlant que je m'en suis brûlé les ailes. Et tu me précipites aujourd'hui au plus profond des ténèbres, brisé et prostré, sans plus m'accorder un seul regard. Aucune considération. Comme si rien de tout ça n'avait existé. Est-ce que ce n'était que le fruit de mon imagination? Un rêve qui a viré au cauchemar et dont je viens soudainement de me réveiller? Je ne mérite pas même le rôle de confident? D'ami? Où est passée cette jeune femme sensible, délicate et passionnée? Les questions affluent et se bousculent, mais les réponses ne viennent pas, et sans doute ne viendront-elles jamais.

       Insupportable. Après avoir partagé ton quotidien, goûté à tes gestes remplis de douceur et à tes lèvres de velours, il ne me reste plus guère que le néant, l'incompréhension et une rancoeur qui grandit de jour en jour. Si seulement celle-ci pouvait se métamorphoser, à la façon d'une chrysalide, pour devenir haine. Tout serait tellement plus simple. Mais seul demeure un sentiment d'abandon et de désespoir lorsque je constate que tout l'amour et toute l'affection que je te porte ne veulent pas s'éteindre. Malgré le fait que tu ne sois plus « Elle ». Malgré le fait que je ne sois plus que l'ombre de moi-même. Par ta faute. Tu es désolée d'être entrée dans ma vie? Moi je suis désolé que tu aies décidé d'en sortir.

       Tout ça au nom de quoi? D'un amour de jeunesse qui te hante? D'une sensation perdue que tu désespères de retrouver? Est-ce que ça vaut un tel sacrifice? Non, j'en doute. Tu courrais ta vie entière dans son sillage que tu ne l'atteindrais jamais. Mais « Il » est toujours présent. Tu lui permets de jouer avec toi et tes sentiments. Tu le laisses te poursuivre et te pourrir l'existence. Tu acceptes de saborder ce que tu as et ce qui est bon pour toi pour ce que tu n'as plus. Tu ne sais pas, et tu ne sauras jamais ce que c'est que d'aimer vraiment. Pleinement. Se donner entièrement l'un à l'autre sans attendre en retour un reflet de son propre égoïsme. C'est quelque chose qui s'apprend, qui se construit à deux. Rien n'est inné. Mais tu es restée une enfant. Tu es restée naïve, et ton esprit étriqué ne conçoit pas un monde en dehors du tien.

       Puisque tu préfères te borner à ta vision des choses, soit. Continue à te voiler la face, à fermer les yeux sur ce qui pourrait changer ta vie et sur ceux qui tiennent réellement à toi. C'est trop beau, trop immaculé pour toi. Tu sembles te complaire dans ta douleur et dans l'immobilisme. Dans ce cas, souffre, mais n'entraîne personne d'autre dans ta chute. Je ne le méritais pas. Je ne pense pas. Et ce qui me fait le plus mal, c'est d'avoir la conviction que tu n'auras jamais conscience de ce que tu perds. Ce soir, ma plume devient serpent et je crache mon venin. Tu as le droit de me haïr pour ça. Au moins, je comprendrai pourquoi tu as installé ce silence et cette distance entre nous. Mais ne va pas croire que je me sens mieux pour autant. Mes cris reflètent mon désarroi et mon inquiétude. Peu importe ce qu'il peut advenir de moi, prends seulement soin de toi.

       Je ne te renie pas. Je t'espère en vain. Si un jour, la jeune fille que j'ai rencontré sur ce banc devait réapparaître, je t'en prie : dis-lui que je me languis d'elle.

       Je t'aime...


Mercredi 2 février 2011

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       Une coupe d’hydromel posée devant elle, Elika avait fini par parler, sa langue se déliant au fur et à mesure que l’alcool brûlait sa gorge. Au fond, elle n’était pas si différente des autres que ce qu’elle se plaisait à prétendre. Elle avait trouvé dans la boisson un refuge, un exutoire aussi tentant que dangereux. Son seul orgueil, sa seule prétention était de se délecter des liqueurs et des vins les plus raffinés gardés depuis des générations dans les sous-sols de la demeure Rozières. Chacun son trésor…

       Falgor, assis face à elle, n’avait pas bronché. Seul le pli qui barrait son front témoignait du souci qu’il pouvait se faire. Il avait mis tant de lui-même dans cette vulgaire mascarade qu’il appelait Résistance que chaque imprudence d’Elika lui coupait le sommeil, remplaçant le calme des rêves qu’il parvenait encore à faire par de longues réflexions solitaires dont seule une cinglante frustration émanait. Pourtant, c’était pour elle qu’il avait peur, il le savait bien. Il avait fait une promesse qu’il se sentit soudainement incapable de tenir.

       - Ta mère ne t’a-t-elle jamais appris à tourner sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler ?

       - Je me suis laissée emporter, ça n’arrivera plus.

       - Ça arrivera au prochain bel homme que tu croiseras, pour peu qu’il ait un peu d’esprit et assez de jugeote pour ne pas te sauter dessus !

       - Tu es jaloux parce qu’il a une centaine d’années de moins que toi ?

       Le regard moqueur, le menton effrontément relevé, elle le défia du regard l’espace d’un instant. Pour une fois, ce fut lui qui abandonna là sa leçon de morale. Il n’arriverait à rien de cette façon, et les multiples égratignures qu’il recevait à chaque fois qu’il se frottait au caractère d’Elika le fatiguaient chaque jour un peu plus. La vieillesse… Elle n’avait pas tort.

       - Je me fiche pas mal de cet inconnu, Falgor. Mais le fait qu’il vienne d’Alistryn m’a fait penser qu’il n’était pas du même acabit que les autres. Je m’arrangerai pour le retrouver et le faire suivre, si tu veux… De cette façon, nous serons fixés.

       Le vieil homme se gratta la barbe, puis haussa les épaules, finalement indifférent à cette histoire. Il quitta sa chaise et jeta un œil par l’une des fenêtres de la bâtisse. Le ciel mis à part, tout semblait calme au-dehors.

       - Va te reposer, dit-il à Elika sans quitter la rue des yeux. Je te réveillerai si l’un de nos indicateurs nous rend visite…

       Elle acquiesça, termina sa coupe et quitta la table bancale. Le faste ébréché de la Grande Maison Rozières gardait ce parfum d’autrefois, malgré les défauts apparents dont elle rendait aujourd’hui compte.

       - Je regrette, Falgor.

       - De lui avoir adressé la parole ?

       Elle eut un sourire, puis disparut à l’angle de l'escalier de pierre qui menait aux étages.

       - Ou de ne pas lui avoir demandé son nom… ?, murmura le vieillard en quittant la pièce.

Avec la participation de Fiona.
A.W.

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